Médiathèque Départementale de la Drôme

de Tears For Fears

Long, Long, Long Time’ Mis à part une série de concerts, Curt Smith et Roland Orzabal n’avaient pas fait parler d’eux depuis 2004. C’est sans aucune pression et à la manière de deux ados grattant sur des guitares dans l’intimité de leur chambre que ces fringants sexagénaires ont fini par retrouver le goût de la création musicale. Ceux à qui l’on doit les tubes "Everybody Wants to Rule The World" et "Shout" débutent d’ailleurs ce "Tipping Point" avec un titre qui semble bien éloigné de la new wave dont ils sont pourtant l’un des emblèmes : "No Small Thing" commence quasiment comme une chanson à boire pour guitare sèche et accordéon, avant que les guitares électriques et l’orgue ne viennent la faire décoller vers une certaine ampleur lyrique. Les autres titres de ce septième album du duo rentrent dans une esthétique pop plus franche, avec parfois de lointains échos à leur heure de gloire 80's ("The Tipping Point" sonne très TFF avec son côté à la fois mélancolique et accrocheur). La pop s’affuble d’une rythmique électronique dans des chansons comme "End of Night" ou "My Demons", tandis que Curt et Roland deviennent les rois du slow et de la ballade dans "Rivers of Mercy", "Please Be Happy" et "Master Plan". Les deux Britanniques sont donc fidèles à eux-mêmes et poursuivent leur route avec sincérité, sans pour autant essayer de reproduire à tout prix ce qui a fait leur succès passé. Et lorsqu’ils épousent l’air du temps ̂ comme c’est le cas avec le très féministe "Break the Man" ̂, c’est là encore sans aucun opportunisme douteux (souvenons-nous d’ailleurs de "Woman in Chains" !). ″ Nicolas Magenham/Qobuz