Médiathèque Départementale de la Drôme

de Pomme

Partir de l’intime puis élargir le spectre et toucher à l’universel, tel est l’arc narratif de ce troisième album de Pomme en forme de réponse au précédent (Les Failles, disque de platine en 2019). La consolation de Pomme va bien « au-delà de l'intime », explique-t-elle. « J'avais l'impression que c'était un besoin collectif, pour pallier le manque de solutions face à des problèmes de société très angoissants », poursuit l’interprète de Sans toi. Avant tout, Pomme puise matière à consolation en se replongeant dans des souvenirs d’enfance heureux. De cette époque, elle retient des odeurs de fraise et de vacances (Jardin), des sensations et des couleurs (Bleu). La nostalgie est renforcée par une orchestration dominée par un piano sourdiné et une guitare dont les arpèges fonctionnent comme les infinies nuances sépia d’une vieille photo de famille. A cela viennent se greffer de douces couleurs synthétiques aussi énigmatiques que revigorantes, inventées en compagnie de Pauline de Tarragon. Un peu à la manière de Georges Perec et son Je me souviens, Pomme parvient à arracher miraculeusement le caractère inessentiel des petites choses de son passé.Deux figures féminines (et féministes) du panthéon de Pomme ont une place de choix dans cet album, deux modèles que la chanteuse vient câliner avec autant de tendresse ̂ mais aussi de force ̂ que lorsqu’elle embrasse les images de son enfance. Dans B., elle remercie Barbara par le biais d’un vocodeur qui fait étrangement écho à la voix si singulière de la Dame en noir. Et dans Nelly, elle rend hommage à l’écrivaine québécoise Nelly Arcan, suicidée à 36 ans, qui a notamment travaillé autour de la question des diktats de la beauté. L’album a d'ailleurs été enregistré dans un chalet québécois transformé en studio, au coeur de l’hiver 2021. Mais la glace n’a pas entamé la chaleur positive de cette nouvelle Pomme, pleinement consolée et apaisée. ″ Nicolas Magenham/Qobuz